mardi 7 octobre 2014

Minotaure à tous | LA RENCONTRE CAPITALE DE VOTRE VIE / HASARD OU NÉCESSITÉ ?



En 1937, André Breton publie une oeuvre phare. L'AMOUR FOU. Des quelques femmes de sa vie, après Nadja en octobre 1926, à l'origine du roman éponyme, c'est au tour de Jacqueline Lamba de venir hanter son récit. Encore une fois, les questions de la vie, de l'art, du hasard et de l'amour viennent rythmer un livre aux atours de manifeste. Le hasard. La rencontre. Le destin. Si vous ne vous êtes jamais trop posé de questions, libre à vous d'abandonner la lecture de ce post. Vous pouvez aussi poursuivre, et ouvrir quelques portes à votre esprit. "Ainsi, pour faire apparaître une femme, me suis-je vu ouvrir une porte, la fermer, la rouvrir — quand j'avais constaté que c'était insuffisant glisser une lame dans un livre choisi au hasard, après avoir postulé que telle ligne de la page de gauche ou de droite devait me renseigner d'une manière plus ou moins indirecte sur ses dispositions, me confirme sa venue imminente ou sa non-venue, — puis recommencer à déplacer les objets, chercher les uns par rapport aux autres à leur faire occuper des positions insolites, etc." écrit-il pages 22-23. Plus tard, dans la revue Minotaure, qu'il tient avec son ami Paul Éluard (rien que ça), les résultats d'un étrange questionnaire tiré à trois cents exemplaires seront publiés. Deux questions simples mais équivoques : "pouvez-vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie ? — Jusqu'à quel point cette rencontre vous a-t-elle donné, vous donne-t-elle l'impression du fortuit ? du nécessaire ?". J'y ai réfléchi pendant quelques minutes. Dans une salle d'attente silencieuse. Entre Mme Sitbon, dont on voyait clairement la culotte, et un Mr à la braguette ouverte dont le nom m'a échappé. ZIP ! Affaire réglée. Puis, en sortant de l'Institut, ces deux questions sont venues me re-frapper la face. Saint Placide. Les souvenirs de périple indonésien. Et d'appartement gigantesque. De matins bonheur. Et ces deux questions qui ne quittent plus la cabosse. J'aimerais donc avoir vos impressions, vos pensées de cabosses inter-planétaires, votre avis, vos emmerdes en commentaires. J'aimerais clairement que vous répondiez à ces deux questions. Avec votre nom ou en Anonyme. À visage caché ou découvert. Parce que j'ai envie que Minotaure revive, juste le temps de quelques minutes/jours/semaines/mois/années/vies. Encore merci.

[expression copyright Margaux Ballagny]

8 commentaires :

  1. je crois bien que c'est mon oncle la rencontre capitale de ma vie,il m'a appris beaucoup, m'a elevé comme son fils, je ne le remrcierait jamais assez et je ne crois pas au hasard, je crois plutot au destin

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  2. Pour moi il n'y a pas LA rencontre mais LES rencontres capitales. Celles qui correspondent à un bout de vie, qui nous font prendre une route plutôt qu'une autre. Une mauvaise rencontre peut aussi être essentielle pour nous faire changer de cap. Elle peut nous projeter profondément dans l'obscur et nous permettre de donner un coup de talon sur le plancher qui a reçu notre chute. Des rencontres donc. Celles, logées dans un coin de l'esprit des années durant sont celles qui comptent.. Et puis, point de hasard. Tout, absolument tout est nécessaire.
    J.

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  3. La rencontre capitale.
    Ma première copine. Pas parce que première fille, mais parce que première histoire d'amour consommée (comme on utilise de coutume le terme pour les mariages) et consumée. Parce juste parce que première histoire en tant que statut symbolique et abstrait. Mais parce que bien qu'elle m'ait retournée dans tous les sens, jusqu'à la limite de l'humainement et nerveusement supportable, sans elle et ses extrêmes, je n'aurais probablement pas poussé aussi tôt la porte d'un cabinet de psy.

    — Jusqu'à quel point cette rencontre vous a-t-elle donné, vous donne-t-elle l'impression du fortuit ? du nécessaire ?
    Aucune impression du fortuit, je ne crois pas au hasard.
    Elle me faisait penser à quelqu'un que je connaissais, dans l'allure, l'attitude, jusque dans le prénom. Et je l'ai appris plus tard mais nos ascendants eurent des liens à une époque, ses grands-parents ayant même foulé le sol de la maison de mon père.
    Sans parler de nécessité, je dirais qu'elle a été inévitable. Un inévitable qui se traduit assez bien de l'irrésistible attraction. J'ai pu par la suite, avec d'autres, passer mon chemin, passer à côté pour une raison ou une autre. Elle, c'était toute la largueur du chemin, l'air, le mur.
    S'il faut parler de nécessité, c'est peut-être par son après que son pendant, bien que ces deux temporalité aient une valeur propre qui ne soit pas comparable. La nécessité de cette rencontre. Chambouler. Démolir. Pour me forcer à assainir. Poser des bases différentes. Pour souffir moins fort de la vie toutes les années qui suivront l'adolescence.

    (Après, vu que tout est lié, on peut se demander si la rencontre décisive est réellement celle sur laquelle on pointe le doigt. Est-ce vraiment cette personne? Le résultat doit-il être imputé à la personne qui m'a poussée à demander de l'aide, ou à celle qui m'a fourni l'aide en question? Ou finalement, la rencontre décisive n'est-elle pas la personne grâce à laquelle, d'une manière ou d'une autre, j'ai rencontré celle que je viens de mettre en lumière? Car sans celle-là, point de rencontre fantastique. C'est pour cela qu'il n'y a pas de fortuit je crois. Car on peut toujours remonter le fil, trouver le domino précédent, le déclencheur du déclencheur, et se rendre compte qu'on ne peut pas isoler les rencontres et les histoires. Elles se suivent. S'influencent. Et nous précèdent.)

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  4. J'ai rencontré mon mari, j'avais 16 ans. Depuis, nous ne nous somme jamais quitté, j'aime à croire que le hasard nous as unis, et qu'encore une fois, c'est le hasard qui nous séparera, mais pas tout de suite. Le fortuit fait partie de nos vies, et j'aime -encore une fois- à penser qu'il offre une multiplicité de possibilités et de portes ouvertes, comme dit plus haut, à nos destins, qui au final, sont tous liés, mais à des degrès differents.

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  6. Curieux objet que cette résurrection d'un Minotaure, blogué dans la toile.
    Quelle est la question au juste ? Je viens de découvrir le surréalisme via Nadja (quelle convulsion!), puis « les vases communicants ». J'aurais mon avis tout frais sur la question en terme surréalistes, j'aime le surréalisme! Cependant, à bien y réfléchir, il faut envisager l'hypothèse d'une expérience SVJ... Le duplicata d'un bulletin de participation au fond d'un carton aiderait à résoudre ce mystère. L'original ayant probablement atterri dans le laboratoire d'un savant fou.....

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  7. Salut cabosses interplanétaires!
    Je suis sûre que ce qu'André Breton décrit existe vraiment, prodigieusement, terriblement. J'aurai bien aimé pouvoir compter sur les circonstances pour le rencontrer, c'est dommage qu'il ait déménagé.

    -Pouvez vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie?
    Une rencontre capitale, une rencontre littéralement capitale, je crois avoir fait l'expérience de l'une d'elles. De celles qui posent un peu brutalement le « qui suis-je ?», qui forcent à l'examen par les appels et les rappels, qui font perdre la tête parfois, qui mènent à interroger, à chercher, à sonder, le surréalisme par exemple.
    Cette rencontre n'a pas toujours été aussi clairement définissable, le résultat actuel qui est assez récent, fait d'elle une rencontre qui m'a ouvert un monde, apportant avec lui son lot de splendides monstruosités. Ce monde a mis de longues années à se déployer sous mon regard. « La rencontre subjectivée à l'extrême » est celle que Breton qualifie de capitale. Là j'ai triché, mais c'est dans le mille, l'expression est du moins parlante ! Je crois avoir atteint les extrémités, que j'avais déjà cru avoir atteintes.
    Celui qui l'a rendue possible n'est pas quelqu'un de ma vie de maintenant et nous ne nous sommes pas rencontrés depuis un moment. C'est pourquoi je ne parlerai pas de lui, mais de ce qu'il est pour ma vie. D'un amour de fille à une question existentielle. Un souvenir. Une apparition. Ou un rêve.
    « Vous ne pourrez jamais voir cette étoile comme je la voyais. Vous ne comprenez pas :
    elle est comme le cœur d'une fleur sans cœur »
    Nadja, (propagande surréaliste au passage ;-) )


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  8. -Jusqu'à quel point cette rencontre vous a-t-elle donné, vous donne-t-elle l'impression du fortuit ? du nécessaire ?
    Je ne vois pas ce que l'on peut considérer de fortuit dans la rencontre telle qu'elle s'est faite, les liens ont étés imposés, comme qui dirait, naturellement. On peut dire qu'ils s'imposent encore par divers biais. Les liens humains sont indirects, allusifs, mais présents. Dans mon cas sont périlleux, au niveau des résonances, tant les rhumes hivernaux que les lieux de vacances estivaux. Voilà pour les choses extérieures, dans le tissu social, en revanche les liens prennent encore une autre forme dans ce qui se rapproche le plus d'une conscience, d'une subjectivité.
    Cette rencontre, qui est aussi une non-rencontre, est marquée par une « thématique » qui se révèle par une succession de faits, ces « appels et rappels », vécus ou non, objectifs ou non, symboliques ou non, de toute sortes en sur- et réalité, qui arrivent, sont, passent sous mes yeux sembleraient arriver fortuitement, mais reliés par ma subjectivité ils prennent la forme d'un ensemble cohérent, bien qu'insensé. Ou sensé-incohérent. Je ne suis pas encore tout à fait au point. On doit admettre, que «ça veut dire» mais sans savoir «ce que ça dit». Bien que dans ce cas ce soit indécemment figuratif.
    Qu'on se fasse interner pour cause « d'amour fou », si on opte pour la thématique hospitalière, ça peut être un des risques à envisager sérieusement, côtés emmerdes.... La chose frappe fort. Quand nos pensées et le monde sont reliés si je puis dire avec Breton « d'une manière assez extraordinaire et agitante pour que les deux déterminations s'avèrent indiscernables ». « extraordinaire et agitante », je souligne. Le syndrome du Yi-King, pourquoi pas. Caractérisé par la prise en compte par le sujet d'hallucinations qui n'en sont pas. Bousculé dans son être, il tente de comprendre. Malade quoi.
    Plus sérieusement, l'incommunicabilité de la chose reste complexe à gérer. Quand on naît pas poète. Il est compliqué de trouver des mots pour exprimer fidèlement l'expérience, et les enseignements apportés, qu'induit plus qu'on ne déduit me semble-t-il, le fait d'être « spectacteur » dans cette histoire.
    La rencontre capitale, c'est peut-être un fil d'Ariane pour déchiffrer le labyrinthe mandalesque de l'existence et nous trouver nous-même. Je crois que c'est une façon bien peu claire de s'exprimer, mais une certaine façon de voir, Minotaure.
    Mon sentiment ajoutant la coloration, notre monde a revêtu pour moi les reflets flamboyants de la surréalité. Prête pour la Révolution M.Breton. Voilà jusqu'à quel point, ces impressions.
    Je ne sais pas combien de chapitres il reste à vivre, ni la fin de l'histoire, ni s'il y a une fin à l'histoire, ni comment les autres livres s'écrivent...

    Ce n'est pas important parce qu'« indépendamment de ce qui arrive, n'arrive pas, c'est l'attente qui est magnifique ».
    Alors aimez follement !

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