lundi 6 octobre 2014

[ MUSIQUE ] LA PLAYLIST DE L'ÉTÉ PASSÉ | IN AETERNAM VALE / GRAND BLANC / GAY CAT PARK / JESSICA93 / MARIE MADELEINE | [colonne musicale pour vertèbres déplacées]


Haïr, ce n'est pas simple. Haïr, ça demande des années et des années d'expérience. De pratique. Mais comment font-ils ? On m'a souvent dit. Ou fait croire. Qu'on s'arrangeait avec l'âge. Qu'on "mûrissait". Qu'on évoluait. Forcément dans le bon sens. À force de vécu. D'inédits qui ne se ressemblent, mais s'assemblent. Pour ne former qu'un tout. Qui forcément. Fait grandir. Un tout, qui forcément, fait qu'on avance. Dans le bon sens. Forcément dans le bon sens. On m'a souvent dit. Ou fait croire. Qu'avec l'âge, tout se perdait, tout s'oubliait. Les folies un peu égoïstes de la jeunesse. Les innocences qui peuvent blesser. Les claques et les coups de vent qu'on pense rester. Se figer sur la peau. Et les mandibules de nos ombres incohérentes.  

On m'a souvent dit aussi. Ou souvent fait croire. Que tout changeait. Que tout était amené à disparaître. Même les violences les plus acides. Mêmes les poings les plus serrés. Qu'ils se détendraient. Qu'ils se desserreraient bien. À un moment donné. Et qu'on s'en servirait alors. Plus pour frapper. Mais pour en prendre un autre dans la main. De poing serré. Puis qu'on l'ouvrirait pour y déposer une fleur. Une fleur ! Rien que ça. 

Puis on m'a dit. Les yeux un peu pleins. Qu'on serait tous amenés à disparaître. Nous aussi. Après avoir mûri. Après avoir grandi. Après avoir appris. Nous être assagis. Qu'on disparaitrait pour aller se poser. Se faire déposer. Les uns à côté des autres. Sans se regarder. Pour l'éternité. Dans l'amour. Et le souvenir de nos proches. Qui plus tard. S'installeraient à nos côtés. Sans bien même nous regarder. Dans l'amour. Sans doute. Puis dans le silence. Surtout. Tout ça pour ça. Dieu que ça grince là-d'ssous ! 

Parfois j'regarde derrière et je vois bien, que rien n'change vraiment. J'ai rallumé mon vieux blackberry. Et rien n'change vraiment.

Samedi soir j'ai demandé : "non mais vous vous rendez compte, quand même, qu'on va tous y passer ?!". On m'a demandé de me taire. Logique. Non sans un sourire et une blague glissée derrière l'oreille. Logique. Mais on m'a demandé de me taire. J'ai souri, la ride tremblante, là, près de l'oeil. Puis j'ai fait mine de boire dans ma Hoegaarden vide depuis plus d'une demi-heure. J'avais froid. L'hiver arrivait ce soir-là. Ce soir heureux, au fond. Mais j'avais froid. Glacée jusqu'à l'os. Je n'me couvrais. Et j'me plaignais pour donner le ton. Personnage incarné à la perfection. Mon portable a clignoté. Un ami m'a demandé de le rejoindre. Je lui ai dit que j'étais déjà loin. Et de nouveau, j'ai fait mine de boire dans le vide. Tout ça n'est que fiction. On est qu'de la bonne vieille fiction. Au fond. Mais les bières continuent de s'faire descendre. Et nos yeux d'regarder ailleurs.



© photo illustration Adrian Landon Brooks

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire