dimanche 5 avril 2015

[ RENCONTRE ] ADELINE / L'AMOUR FOU - FOUS D'AMOUR


"Pour qu'un amour soit inoubliable, il faut que les hasards s'y rejoignent dès le premier instant", disait Kundera dans Amour et hasard. Dans ce livre, sont également mentionnés "sexe", "désir", "sommeil", "territoire", "multiplicité des rapports" mais "amour unique". André Breton lui, voit en l'amour, la source, l'essence même de l'art, et son expression la plus profonde. "Je ne nie pas que l'amour ait maille à partir avec la vie. Je dis qu'ils doit vaincre et pour cela s'être élevé à une telle conscience poétique de lui-même que tout ce qu'il rencontre nécessairement d'hostile se fonde au foyer de sa propre gloire" écrit-il dans L'amour fou. Pour Malraux, ce sera la nécessité, l'expérience, et celui, invincible et indescriptible, d'une mère. 

Les amours sont multiples.


Nos amours sont MULTIPLEs. Intransigeants, parfois indécents, fragiles et solubles, vifs comme le vent, malingres comme la faim, carrés ou frappés, glacés ou tangibles, je n'ai assez de dix doigts pour mettre le doigt sur chacun d'entre eux. Ou faudra-t-il que je m'assoie à une table et me laisse porter là, à penser à l'un, puis à l'AUTRE, à pouffer et à rire, à pleurer et à dévisager le mur sur lesquels se reflèteront les vôtres. Il me faudra des heures. Des années. sans doute toute une vie, pour ne serait-ce que commencer à comprendre les miens. Alors dépiautons donc les vôtres. De temps à autres. 

J'ai donc décidé de piocher en vous. De creuser un peu. Du bout de l'index gauche. Gauche parce qu'il me faudra ici rester loin tout en étant là, à vous écouter vous épancher, parfois avec pudeur, souvent avec humour et finesse, et de temps en temps, avec volumes et gourmandises.

Pourquoi Adeline ? 

Parce que je suis toujours celle qui pose les questions.
Je me suis rencontrée plusieurs fois au cours de ma vie. Vingt-huit années, l'air de rien, c'est long. Long et laborieux parfois. Long et puissant souvent. Je me rappelle d'une fois en particulier. C'était janvier. Un début d'année comme un autre. C'était 2008. Et j'avais tout un tas de cascades devant et dedans les yeux. Je tombais dans un trou. Capable de me voir comme j'étais. Sans doute pour la première fois. Chaque chute ouvre la peau. Puis les fissures se comblent. Avec le temps. Mais le coeur n'oublie pas. Les coeurs n'oublient jamais. Puis novembre 2010, je me rencontre à nouveau. Deux amours de ma vie prennent le large. On en brûle un. Je brûle les photos de l'autre. Et je découvre l'existence de mon karma. Malingre et puérile, parfois. Soluble et terrible, souvent. Je le reverrai plus fréquemment, avec l'âge, et les mini rides qui m'ornent le front, un peu plus, chaque année. Je me suis rencontrée de nouveau il y a un an. Non pas au cours des 1680 heures passées au Vietnam. Mais au retour parisien. Dans la solitude. Et l'impossibilité de raconter. De partager à nouveau. 3615 ma vie. Je souris. Hâte de me revoir un jour. Qui sait. Peut-être demain. Ou dans quelques minutes.

ADELINE
/ 28 ANS - JOURNALISTE ET ÉQUILIBRISTE SUR MOTS /





L'AMOUR FOU, pour toi ça veut dire quoi ?

Il est difficile de répondre à cette question, car je crois l'avoir trop posée. Je me rends compte aujourd'hui de l'engagement que demande une réponse ici. De l'absence de pudeur que la question implique. Réfléchissons.

L'Amour Fou. Il est pour moi celui qui n'existe que dans les rêves. Quand on se couche. Que l'on ferme les yeux en pensant à ce que l'on aurait voulu dire. Voulu faire. Que l'on se laisse aller au sommeil, à la nuit, et que l'on prie, l'air de rien, pour trouver la force de changer les choses. Pour trouver la force de changer tout court, et d'accepter l'amour. Sa folie. Son intransigeance. Et sa force. Trouver la force de faire confiance. Malgré les embûches. Malgré les fissures que l'on sait pouvoir rouvrir, malgré les murs que l'on sait pouvoir casser. Et malgré soi, le pire, le plus redoutable ennemi, le soi.
L'Amour Fou, il est l'unique pour moi. La seule manière de vivre l'amour. Il est le coeur posé sur un plateau, suintant, mais vibrant. En dehors du corps. En dehors des pensées. Seul et impétueux, orné, protégé de quelques ondes électriques. Il est le corps battant malgré et contre tout. Il est la patience, et l'acceptation. La tolérance et le respect. Il est perfection tout plein de défauts. L'amour doit être fou, parce qu'il faut être complètement fou pour se jeter sur un câble en ferraille et jouer les équilibristes avec pour seule sécurité celle de s'éclater la gueule contre le sol en cas de perte d'équilibre..

Tu l'as vécu ?

Non. J'ai cru. Parfois. Pouvoir plonger dans ses eaux. Mais je plongeais seule. Et je nage (très) mal. Puis j'ai toujours peur de mettre ma tête sous l'eau. 

Des oeuvres ont bouleversé ta vision de l'amour ?


Sans aucun doute un livre. La Confession d'un Enfant du Siècle, de Musset. Il m'a amenée à apprendre à aimer et à haïr. Avec passion. Sans raison. Ce livre m'a sans doute appris à mal aimer, mais je ne regrette pas de l'avoir encore dans mon coeur. Puis un film, La Vie Rêvée des Anges, d'Érick Zonca. Pourquoi ? Ça c'est secret. Niveau musique, pas mal d'artistes ont changé ma vie à ce propos. Chacune de mes histoires d'amour est liée à un groupe, un album, une chanson. Il y a eu Talk Talk. Renée en particulier. Flock Of Seagulls. Une chanson d'Elvis, Always On My Mind. Puis Beach House. Wild Beasts. Une autre chanson, Crucify Your Mind, de Rodriguez. J'ai cru me briser le coeur plusieurs fois cet été là. Des trucs des années 80 que l'on ne nomme même plus. J'ai rompu sur un Goodbye My Lover une fois. J'en ris un peu maintenant. Mais toutes ces choses, cette musique à forte tendance dépressive, a définitivement modelé ma façon d'aimer, oui.




Et le sexe dans tout ça ? Tu le relies à l'amour ou pas forcément ?

Le sexe sans sentiments est un hobby. Le sexe avec sentiments, c'est la vie. 

Et le désir ?

Le désir, lui, il fait vivre. La seule et unique raison de se lever le matin.

Tu pourrais tomber amoureuse de.. toi-même ?

Ha ça non. Jamais de la vie. Enfin je ne crois pas. Je ne suis attirée que par mes "extrêmes contraires". Trop de points communs tuent le point commun. 

Bon et sinon tu fais quoi en ce moment ?

Je cherche de nouvelles piges Musique et Gastro. Je continue de faire manger des macarons et autres sucreries de luxe à de riches américains. Je commence à passer de la musique dans quelques bars et événements puis j'écris des textes à moitié surréalistes ici. Que je lis, parfois, devant des gens ? L'angoisse. Ha, puis je planche sur un livre que j'aurais du finir il y a deux ans et un autre que je viens d'entamer. Avec un peu de chance j'aurai fini tout ça avant mon.. quarantième anniversaire.


0 commentaires :

Enregistrer un commentaire