mardi 21 avril 2015

FUITE TACITE. CHUTE TRAGIQUE. [ LES AMOURS PARTAGÉS ]

exercice mardi 21 avril 2015 . 20 minutes d'écriture . 5 de relecture.


© Asger Carlsen.


Tu m'as dit que les fleurs me parleraient. Que je pouvais leur confier. Mes malheurs, puis mes tendresses. Leur faire part des failles, puis de mes trains qui souvent déraillent. De mon esprit qui s'égare quand le vent se lève. De mes larmes qui coulent un peu quand la mer s'agite. Tu m'as dit d'aller les voir. Parce que tu étais loin. Puis que tu n'savais quoi faire. D'un corps comme le mien. Triste et sensible. Tangible et tremblant. 

Mais le vent, tu sais. Quand il souffle, les fleurs s'enlisent. Et chuchotent avec entrain les délires des morts qu'on oublie. Le vent quand il souffle, ramène les cris des esprits perdus. Ceux qu'on a pendus dans la nuit. Puis ceux des enfants rompus par les coups. Fendus par l'amour. L'innocence du toujours. 

Le vent rend fou. Le vent rend saoul. Et mes larmes coulent déjà. Alors que la mer est calme. Je crois que mon cœur se fend sur la roche. En bas, vers le vide que je n'vois pas. Et mes souvenirs cogitent. Hors de moi. Mais pas si loin. Comme s'ils étaient quelqu'un d'autre. Une belle femme sans odeur que je placerais à mes côtés. Dont je me sépare à souhait. Et que je retrouve avec peine. Car les femmes ont cet odeur.. Le temps de me perdre un peu. Ailleurs. Le temps de fermer puis de rouvrir les yeux. D'y voir meilleur. Mais jamais je ne retrouve, l'enfant fendu par l'amour. L'innocence du toujours au plus doux des sourires. La pluie s'abat sur mon visage. Le vent se lève un peu. En bas, le vide. Et les mémoires de jour acides. 

En noir et blanc, tout est plus clair. Le sang qui gicle et les colères par cycles. La douleur mystique, nécessité en tissu de soie. Au quotidien des jours qui meurent. Au terrible maintien des nuits sans peur. En noir et blanc, tout a un sens. La lumière dessine l'ombre suggestion. Et la combustion des peaux, comme un arbre d'hiver agité par la pluie. De haut en bas. De droite à gauche. Cheveux fous, tête mal assise, arrachée à ses dépends, du tronc tour de Pise. Branlant, tremblant, mal seyant à la vie. Pissenlit d'herbe belle, vautour d'herbe folle. Le corps se pourfend, au vent qui abîme. Ou confirme, l'immonde finalité du sens. Le vide, et les falaises à pic. 

Dante. Pic de Dante. Lourde et condamnée, la descente. D'être montée si haut. Et si vite. Par la voie la plus express. Fuite tacite. Chute tragique. Des cœurs malmenés. Parce qu'il y en a plus d'un. Oui. Plus d'un pour qu'on sache. Que les cœurs s'agitent. Pour un rien. Et contre toute fin. Les mains s'agrippent. Les corps crapahutent. Sur les falaises à pic. Des Normandie tristes. Parce qu'il faut savoir. Qu'il y en a plus d'une. Oui. Plus d'une pour que l'on sache. Que les points de mer font miroiter. De pouvoir mettre fin. De pouvoir n'être qu'un. Les points de mer caressent l'idée. De pouvoir partir vite. Sans suite pratique. De pouvoir couper court. Au plus court de l'éternité. Sans sur hier s'arrêter. Les points de mer soulèvent les cœurs. Parce ce qu'il y en a plus d'un. Oui. Plus d'un pour mourir. Au calme et dans la grâce. D'une fuite tacite. Chute tragique. Souvenir explicite.

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